Les secteurs d’essor du logiciel libre

La tendance est clairement en faveur du développement du libre. De nombreux déploiements à grande échelle prouvent la pertinence de l’usage des Logiciels Libres. En 2006, le marché du logiciel libre a enregistré une croissance de 80% et représenté 450 millions d’euros en France, services et logiciels inclus. Selon le Gartner group, le logiciel libre représentait en 2009 20% du marché mondial des licences et services, soit 88 milliards d’euros. Début 2007, l’Union Européenne, via un rapport, a encensé l’Open Source qui serait favorable aux innovations bien plus que le modèle des codes propriétaires qui cloisonnerait le marché. Les recommandations du rapport vont au soutien de la recherche et de la standardisation de l’open source et le recours au libre dans l’éducation. Le don de code pourrait d’ailleurs être assimilé à une offre charitable (avec exonérations fiscales). L’U.E. estimait par ailleurs que le poids du marché des services liés au logiciel libre aurait donc du atteindre 69 milliards d’euros en 2010 en Europe, chiffre jugé optimiste et tempéré par Pierre Audoin Consultant.

Les logiciels libres prennent une place chaque année plus importante dans les usages courants. L’un des projets les plus plébiscité n’est autre que OpenOffice.org, la suite bureautique concurrente de Microsoft Office. Même si le géant adverse détient encore la très grande majorité des part de marché général le projet libre a progressé. De 2002 à 2007, c’est plus de 93 millions de téléchargements qu’à enregistré le site.

Concernant les navigateurs internet, le navigateur au code source ouvert Mozilla Firefox était utilisé en mars 2007 par 80 millions d’internautes à travers le monde. Sa part de marché au niveau mondial de 16%, soit une progression de 4% sur un an. L’Europe utilise davantage Mozilla Firefox (23,2%) que l’Amérique du Nord (14,5%). Dans les autres « régions » du monde, ces taux varient de 11 à 12,4%. En France, le taux d’utilisation de Firefox en 2007 lui donne une part de marché de 22,3 %, ce qui est inférieur à celui de l’Europe mais la progression enregistrée est plus forte avec + 8 %. Alors que Firefox 3 arrivait, la version 2 fut téléchargée 500 000 fois par jour. Sa progression mondiale constante s’explique par sa qualité reconnue et parce qu’il est plus facile pour l’utilisateur de changer de navigateur web que de système d’exploitation ou de messagerie. Malheureusement, si les années suivantes ont vu une confirmation de la qualité du navigateur au renard de feu, elles ont aussi vu naitre Google Chrome, un vrai concurrent qui a limité les parts de marché de son homologue Open Source.
Concernant la messagerie électronique Mozilla Thunderbird, il est plus difficile de définir sa part de marché. La solution serait utilisée par 10 millions d’internautes à ce jour.

Le libre est aujourd’hui présent sur toutes les couches logiciel de l’ordinateur, leur qualité est aujourd’hui reconnue. Sur les serveurs, Linux s’impose progressivement. En 1997, les parts de marché mondiales des serveurs Linux étaient de 1 % et d’après Forester Ressearch de 25 % en 2007. Dès 2006, Linux était même leader en ce qui concerne les systèmes d’exploitation utilisés dans les systèmes embarqués.

Et s’il y a un domaine dans lequel le libre est omniprésent il s’agit des applications internet, quoi de plus normal puisqu’Internet en est le moyen de diffusion originel et actuellement toujours le canal de diffusion privilégié. D’après une enquête de Forester Ressearch, 69 % des applications Internet utilisées par les entreprises étaient libres, déjà en 2007. Cette même année, le taux d’utilisation de composants Open Source par les entreprises en Europe était de 57 % pour les outils de développement, de 49 % pour les systèmes d’exploitations, de 23 % pour ce qui concerne la sécurité, de 14 % pour les bases de données ou encore de 11 % pour les logiciels d’intégration et les middleware* qui, toujours d’après Forester Ressearch, seraient les deux grandes priorités des entreprises au déploiement de l’Open Source dans leur système d’information. Parmi les principaux projets associés à ces chiffres, on peut compter Apache en matière d’infrastructure Internet, les outils de développement apportés par les fondations PHP ou Eclipse, Linux qui s’étend rapidement sur les systèmes d’exploitation haut de gamme, ou encore les basses de données MySQL et PostgreSQL.

C’est donc dans le domaine des applications pour serveur et applications internet que l’offre est la plus large. Mais depuis trois ans, apparaissent des progiciels Open Source. Aiguillonnant SAP, on trouve désormais des logiciels libres de gestion intégrée (Compierre, ERP5, TinyERP …), mais aussi pour la relation client (Sugar CRM, VTiger …), le décisionnel (Jasper Report, Pentaho …) ou la gestion documentaire (Alfresco). Ce sont des produits davantage destinés aux petites entreprises qu’aux grands comptes car leurs couvertures fonctionnelles ne sont souvent pas complètes. Néanmoins, ces produits commencent à être assez professionnels pour entrer dans les solutions à étudier très sérieusement. « Les progiciels de gestions libre existent et sont compétitifs pour faire du CRM (Gestion de Relation Client), du SRM (Gestion de la Relation Fournisseur), du FI/CO (Finance/Comptabilité), de la Gestion des stocks, de la GPAO et du Business Intelligence (décisionnel). On retrouve dans ces domaines les projets Open Blue Lab, Neogia, Dolibarr, Adempierre, Compiere, Spago BI etc. », dixit Cyrille Lambert, en 2007, membre d’Alliance Libre.

Les utilisations et l’offre en matière de logiciels libres s’accélèrent dans le monde entier et l’Europe semble décider à ne pas passer à côté de cette source d’innovation et de croissance. Le grand public s’est familiarisé au libre grâce aux équivalents libres de grands logiciels sous licence propriétaire que sont Internet Explorer ou Office. Des composants libres sont utilisés par les développeurs dans à peu près tout type d’application.
La France apparaît comme l’un des pays européens les plus fervents adeptes des logiciels libres tant au niveau des communautés, que des projets ou des compétences présentes sur le territoire national puisque le marché du libre y concernait en 2006 environ 400 entreprises soient 5000 emplois dont le Gartner group estimait alors une progression du nombre allant jusque 40000 d’ici 2010, combien aujourd’hui ? Mais quels sont donc les demandeurs de logiciels libres en France ?