Logiciel libre : quels avantages ?

L’engagement des institutions publiques et de ses administrations, la prise de conscience de la forte dépendance vis-à-vis de quelques éditeurs dominants, ajouté aux besoins de rationaliser les coûts, apparaissent clairement comme les moteurs du développement du monde du libre. Intéressons nous un peu plus aux avantages que les utilisateurs viennent chercher dans l’offre Open Source.

open source logiciels libres

Le Coût

Pour les clients utilisateurs, l’adoption de logiciels libres va dans le sens de la réduction des coûts, puisque les licences ne sont généralement pas payantes. Le gros avantage une fois un logiciel libre acquis est la possibilité de le dupliquer à l’infini, caractéristique non négligeable lorsqu’il s’agit de l’installer sur un grand nombre de postes. Des coûts d’intégration et/ou de formation viendront néanmoins s’ajouter mais globalement le sentiment d’économie perdure du point de vue de l’entreprise. Pour le cas de la gendarmerie L’économie réalisée par rapport aux licences MS Office fut de 2 M€ par an depuis 2005.

L’interopérabilité

Les logiciels libres ont, dans leur grande majorité, une tendance à respecter les formats
standards ouverts, ce qui favorise l’interopérabilité. Les standards utilisés seront par exemple JAVA ou XML. Si une entreprise veut passer d’un logiciel propriétaire à un autre logiciel propriétaire elle risque de rencontrer des problèmes d’interopérabilité avec le reste de son système, ce qui nécessitera de tout changer et génèrera des coûts supplémentaires. Le respect des standards assure très largement l’interopérabilité avec le système de l’entreprise.
Un bémol tout de même puisque modifier ou faire modifier le code source par un prestataire expose au risque de ne plus être compatible avec les futures versions du logiciel.

Indépendance et pérennité

Les logiciels libres permettent de garder une indépendance certaine vis à vis de l’éditeur. Le code source en sa possession, le client n’est pas pieds et mains liés à un fournisseur et peut faire jouer la concurrence. Des obligations de résultat peuvent même être convenues. Et dans l’hypothèse où l’éditeur disparaissait ou décidait de ne plus assurer le support, l’accès au code source permet de faire appel à une autre société. De plus, la standardisation des langages et protocoles pourra faciliter le changement de fournisseur.
L’indépendance recherchée vis-à-vis des grands éditeurs est souvent un vecteur menant au libre. C’est même souvent suite à l’arrêt du support d’un logiciel, qui contraint à une migration vers une version supérieure ou une autre solution pour un coût souvent prohibitif, que des entreprises s’intéressent au libre. Ce modèle diminue en effet la dépendance vis-à-vis des éditeurs… mais la déporte un peu sur les sociétés de services. A signaler également que l’indépendance peut aussi être la liberté pour l’utilisateur de ne pas suivre les modifications et mises à jour s’il le souhaite, pour continuer sur son vieux système.
Et si l’éditeur libre négligeait lui aussi le service client, le code source étant ouvert, même si la communauté de développeurs cesse son activité, l’utilisateur dispose des bases nécessaires pour continuer à utiliser sa solution. En effet, si l’éditeur ou la communauté disparaît, l’entreprise peut toujours escompter trouver des développeurs aptes à faire évoluer son outil, d’autant que les langages utilisés par les développeurs du libre sont considérés comme standards. La pérennité du logiciel est donc un critère à associer à l’indépendance.

Le consortium Scilab auquel PSA participe et qui est l’équivalent de l’hégémonique Matlab en matière de calcul numérique a pour but de favoriser le développement du logiciel Scilab pour en faire un challenger du leader en place, et d’en assurer la pérennité.
Le projet Topcased est lui né du besoin de France Télécom, Thomson et Airbus d’avoir un logiciel d’une durée de vie de 40 ans pour tenir la durée du cycle d’innovation ou du cycle de vie du produit. Ils ont développé en commun le logiciel Topcased et une fois au point ils ont décidé de le « libérer » afin de profiter de la création d’une communauté autour du logiciel. Le but est bien ici d’avoir une pérennité plus longue du logiciel.
La gendarmerie nationale, confronté elle aussi à un besoin de conservation des archives
pendant 50 ans a vu l’intérêt d’Open Office. Le code ouvert leur assure la possibilité de redévelopper un lecteur du format d’après les spécificités ouvertes, même des années après.

Sécurité et fiabilité

Le code source étant disponible, et donc « auditable », il est d’un point de vu logique impossible d’adjoindre au logiciel des spyware à l’insu du client, ce dernier pouvant s’en apercevoir par lui-même sans difficulté. La sécurité est immédiatement améliorée. Pour le cas précis des systèmes d’exploitation, on peut rajouter que Linux est généralement reconnu pour être mieux sécurisé que son homologue propriétaire Windows. Il est centré sur la sécurité et donc peu sensible aux virus.

Les logiciels libres sont aussi dits plus fiables, grâce à la réactivité des communautés qui
corrigent les failles plus vite que les éditeurs propriétaires. En revanche la distribution des correctifs est souvent peu structurée, et si l’utilisateur n’a pas payé de support il est possible qu’il ne soit pas tenu au courant. Ce constat de fiabilité ou plutôt de réactivité en matière de correction des bugs doit être tempéré aussi par le fait que cette réactivité est dépendante de la taille de la communauté qui soutient le produit.

D’autres avantages apparaissent

L’exemple de notre gendarmerie est très parlant. L’interopérabilité, l’indépendance, la meilleure maîtrise des coûts fixes et la meilleure maîtrise du système informatique étaient les motivations mais à cela s’est rajouté une autre conséquence positive. Le passage au libre leur a permis de faire émerger les applications locales développées sans autorisations de la DSI* donc non sans risques, et sans déclarations à la CNIL.
L’aspect rassurant d’un point de vu juridique n’est pas négligeable. En choisissant le propriétaire il est nécessaire de respecter les textes juridiques en vigueur quant à l’utilisation du logiciel, et ces textes peuvent évoluer. Le libre est un moyen de s’affranchir du risque d’être hors la loi par négligence en installant par exemple le logiciel sur plus de postes que le nombre autorisé par l’achat des licences.

Une fois un package acheté ou une distribution téléchargée, des compétences pointues
en termes notamment d’intégration sont le plus souvent nécessaires. Des coûts de formation, de support et de mise à jour sont également à prévoir, à moins de posséder ses propres équipes en interne, ce qui constitue une autre forme de dépenses, des coûts fixes. D’une manière générale, les coûts sont déportés vers le service qui représente généralement 80% du coût total de possession. Et si le sentiment d’économies perdure du point de vu de l’entreprise cliente, c’est notamment parce que ce modèle permet un rééquilibrage des dépenses. En limitant l’investissement dans les licences, ils ouvrent des espaces de liberté pour rééquilibrer les dépenses vers le service et l’accompagnement, seuls garants du résultat. Les logiciels libres sont plus efficaces dans le sens où ils replacent la valeur ajoutée qui vient en réalité de l’usage et non de l’outil.
Une PME qui doit investir dans un ERP* sera donc séduite par la possibilité de diminuer le risque lié au manque de maîtrise de l’utilisateur grâce à la possibilité de réinvestir les économies réalisées sur les licences dans des postes de formation, personnalisation et conduite du changement.

*DSI : Direction des systèmes informatiques.

*ERP : PGI, progiciel de gestion intégré.

La première raison pour laquelle il existe une demande pour le libre tient dans l’économie réalisée à l’acquisition de la licence. Cette économie est en partie redistribuée en frais d’intégration et de formation, pour un usage plus efficace. Après le coût, viennent ensuite le besoin de pérennité, le désir d’indépendance, la promesse d’interopérabilité puis la sécurité informatique et réglementaire.